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Et si le développement personnel passait avant tout par le collectif ?

Le développement personnel est à la mode. Depuis le début du siècle, on ne compte plus le nombre d’ouvrages, de pratiques, d’exercices et l’on s’y perd. Une chose est sûre, leur but est commun. Ils visent à permettre à chacun de s’accomplir personnellement : de s’épanouir et de réussir. Mais cette promesse en vaut-elle le détour ? Les méthodes employées nous sont-elles réellement bénéfiques ? En nous recentrons sur nous, ne passons-nous pas à côté de l’essentiel : l’universel ?


1. Le développement personnel : une quête individuelle


La connaissance de soi constitue une des premières étapes de ce cheminement personnel. Cette démarche est plébiscitée par bon nombre d’écrivains (de Jean de la Fontaine à Laurent Gounelle), de philosophes (Socrate, Descartes…) et de psychologues (Freud ou encore Tasha Eurich). Pour y parvenir, différentes techniques introspectives existent. L’introspection définit l’action de regarder à l’intérieur de soi et consiste à étudier sa propre personne. En s’observant, le but est de prendre conscience de ses pensées, de ses sentiments et de ses comportements. L’introspection peut faire émerger en nous des questionnements pour ainsi identifier notre potentiel : quels sont nos besoins, nos aspirations, nos peurs, nos limites, nos qualités, nos défauts ?


Une seconde étape consiste à agir pour se développer et à changer ses habitudes pour améliorer son bien-être. L’entreprise Happify propose par exemple de modifier ses niveaux de bonheur en s’entrainant. La promesse est la suivante : 86 % des utilisateurs assidus de leur application seraient plus heureux après 2 mois. Comme le souligne Acacia Parks, scientifique de Happify : “Avec une pratique assidue, nous pouvons développer des habitudes de vie qui deviendront la clé d’une existence plus satisfaisante et plus épanouissante”.


Ainsi, le développement personnel pousse chaque individu à se découvrir et à se développer pour trouver le bonheur. Ne serait-ce pas ainsi le début d’une nouvelle ère, marquée par la compréhension et l’expression de l’individualité, plutôt que par celle de la collectivité ?


Todd Rose, professeur à Harvard en a d’ailleurs fait une science. Pour lui, nous devons baser nos systèmes institutionnels sur l’analyse des caractéristiques individuelles, et non plus sur celles des moyennes. La particularité de ce nouveau modèle réside donc bien dans une individualisation à grande échelle, où le travail sur soi apparaît comme la clé du bonheur. Comme le souligne Lise Bourbeau, écrivaine spécialiste du développement personnel : “C’est toujours notre perception ou notre interprétation des faits qui cause notre souffrance et non ce que quelqu’un est ou fait." Notre bonheur ne dépendrait ainsi que de nous.


2. Le but de la vie : être heureux à tout prix ?


Eva Illouz et Edgar Cabanais parlent de dictature du bonheur ou d’Happycratie. “Poursuivre le bonheur, c’est avant tout, aujourd’hui contribuer à la consolidation de ce concept en tant que marché très juteux et mode de vie envahissant et mutilant”. Selon eux, nous serions victimes de ce système prônant le bonheur en tant qu’indicateur mesurable et quantifiable nous détournant des réelles préoccupations de notre temps. De plus, nous serions perpétuellement en marche vers le bonheur, à le chercher sans jamais le trouver, inlassablement insatisfaits. Nous serions pressurisés par des injonctions permanentes comme le soulignent Carl Cederström et André Spicer dans leur essai Le syndrome du bien-être.


Ce sujet a fait l’objet d’une étude ayant pour but de comparer le niveau de motivation d’étudiants à atteindre le bonheur à leur niveau réel de bien-être. Logiquement, nous pourrions envisager que ceux cherchant le plus à être heureux soient également ceux ayant le plus haut niveau de bien-être. Ce postulat a été vérifié en Russie et en Asie du Sud Est, mais s’est révélé inexacte aux États-Unis où vouloir désespérément être heureux est lié au contraire à une mauvaise santé psychologique.


Nous trompons nous ainsi de but ? Cherchons-nous à nous développer dans le but d'atteindre le bonheur... mais est-ce là une bonne stratégie ?


Emily Esfahani Smith, écrivaine et journaliste, s’est penchée sur ces questions dans son Ted Talk “There's more to life than being happy. D’après elle, nous manquerions de sens dans nos vies. Le psychologue Martin Seligman décrit le sens comme venant de l’appartenance et du service de quelque chose au-delà de nous-mêmes. D’après les études réalisées sur le sujet, avoir un sens à notre vie nous rendrait plus résistants, augmenterait nos chances de succès, notre bien-être, et même notre espérance de vie. Viktor Frankl, professeur de neurologie, en a d’ailleurs fait une science : la logothérapie. Dans son livre Man’s search for a meaning, il nous indique 4 situations dans lesquelles nous pouvons découvrir ce sens : en travaillant, en expérimentant quelque chose, en rencontrant quelqu’un ou encore par l’attitude que nous adoptons face à la souffrance lorsque nous en faisons un combat ou un sacrifice.


3. Tirer parti de son potentiel pour apporter à la société


Le développement personnel nous permet de découvrir et de développer notre potentiel : il nous reste toutefois à trouver les raisons (ou le sens) nous poussant à le faire. Cette citation de l’écrivaine américaine Laurence Shames tirée de son livre “Not Fade Away” nous conforte en ce sens :


“Il existe des gens extrêmement brillants qui ne vont jamais réellement faire grand-chose, qui n’apporteront jamais ou alors très peu à la société et ne laisseront aucun héritage derrière eux. Je trouve cela terriblement triste dans la mesure ou le potentiel gaspillé est toujours triste”.


Trois piliers majeurs permettent de trouver du sens dans sa vie :

  • L’appartenance :

Elle découle de relations dans lesquelles nous sommes estimés pour qui nous sommes, et où nous accordons également de l’importance aux autres.

  • Un enjeu :

Notamment par notre travail, il nous est possible de contribuer à la société et de nous sentir utile.

  • Le dépassement de soi/ la transcendance :

Lors de moments où nous nous sentons connectées à une réalité supérieure et où nous perdons la notion de l’espace-temps.


C’est donc en nous sentons faire partie intégrante d’un tout (que ce soit d’un groupe, d’une cause, ou d’une réalité supérieure) que nous sommes à même de donner un sens à nos actions.


La métaphore de la vague et de l’océan reprise par l’écrivain Laurent Gounelle dans son livre Et tu trouveras le trésor qui dort en toi” illustre ce phénomène : “Si elle avait un cerveau, la vague pourrait se voir unique, indépendante, d’une certaine façon, ce serait vrai : prenez une photo de l’océan en plan large, et choisissez une vague. Regardez bien : parmi des millions, il n’y en a pas deux comme elle, de la même dimension, de la même hauteur, de la même forme... Elle est absolument unique. Et pourtant, une vague est indissociable de l’océan et l’océan la constitue. D’une certaine façon, elle est l’océan.”


Affirmons donc notre singularité, mais n’oublions pas l’essentiel : de nous relier aux autres et à notre environnement. Développons-nous pour apporter à la société. En nous impliquant personnellement pour le bonheur des autres, nous servirons ainsi notre propre bonheur.

 
 
 

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